Pour commencer j'avais envie de pisser

Pour commencer j'avais envie de pisser.
En m'asseyant je fus étonné de voir que la salle était parfaitement professionnelle.

Trop ? Oui, Trop, ça sent la poésie institutionnelle,
Mais ne jugeons pas avant que... ça commence.
Eh bien, voilà, le temps va durer longtemps, ce soir.
Devant les pieds de la poétesse s'étalent
Des tas de feuillets bien rangés, en ordre,
Qu'elle projette de lire un à un,
Et il y en a... Neuf, dix, onze. Putain.
Je n'aime pas ce que j'entends,
Et suis presque content lorsque ça n'est pas clair ;

C'est mauvais signe.
C'est mauvais signe aussi lorsque je me dis :
Au moins il fait chaud, et je suis assis !
Devant moi Diane détaille les luminaires.
C'est vrai, maintenant que j'y repense
Que sur l'affiche elle ne souriait pas...
Mais, tiens, je ne sais pas ce qu'en pense
Adrien, à ma gauche ?
Il maintient encore son attention, le bougre,
Il en a de l'endurance ! (Même s'il n'a plus l'air
Qu'à moitié vivant). Ayant vu par inadvertance
Que j'écrivais ce poème, il sourit, écrit (lui aussi)
Quelques lignes que je ne vois pas...
Enfin me les tend. C'est une parodie
Assez réussie, je dois dire, et même...
En croisant son regard nous avons la même idée
Qu'il me chuchote en sachant que je l'ai devinée:
"Ce n'est pas pour être railleur...
Mais je crois que c'est meilleur !

Cedric L.