Saisir le vif

Saisir le vif
Jamais à contretemps
Toujours à contrevent
Face aux bourrasques qui nous avalent la joue
Face aux bourreaux qui nous arrachent la joie
Du bord des lèvres du bord des yeux
Ne reste qu’un souffle pour élever la voix
Les vents contraires entrant en trombe pour faire lever les voiles
Vers d’autres rives vers d’autres havres
Saturer chaque atome
Visiter chaque atol
Répondre à chaque appel pour se réaliser
Gagner face au mistral au gré des alizées
Une dernière inspiration
Avant le grand saut de l’ange la longue chute
Au creux de la vallée sans longe aucune
Goûter la rondeur de ce vent qui traverse les os
Qui craquent, gémissent de plaisir
Au contact du beau
Au contact de ce qui est
Au contact du mouvement
Mon corps se mue en lignes de fuite
Faites pour aimer
Et enfin finir esseulées à la mer
Débris d’embruns insensibles à la mort
Emportées par un courant d’air
Au cours de l’eau
Au cours de l’eau
Au cours de l'eau

Julien B.