Chez moi il n’y a ni porte, ni mur, ni fenêtre 🥇

Chez moi il n’y a ni porte, ni mur, ni fenêtre.

Il n’y a pas de jardin ou de petit potager, il n’y a pas de voisin à saluer.
On ne peut pas faire le tour de la maison et on ne peut pas tirer la sonnette.

Il n’y a pas non plus de cheminée d’où s’échapperait une fumée témoignant d’un foyer chaleureux.

Chez moi il n’y a aucun bruit, aucun son, aucun cri.

Vous n’entendrez pas le chant des mésanges, le brame du cerf ou le crissement des pneus de bagnole.
L’appel du large et le chant des sirènes ne résonneront pas au creux de vos oreilles.
Chez moi règne le silence, personne ne parle et pourtant tout est dit.
Car le feu qui demeure en ces lieux c’est celui de mes entrailles.
Chez moi il n’y a que des morceaux de moi.

Désossés. Déchirés.
Ils trainent partout.

Ce sont les héritages de la causalité, mes déterminismes, des choses issues de cette absurde destinée.

Je me demande s’ils m’appartiennent réellement.
Je me demande s’ils sont utiles.

Je me demande s’il faut les détruire pour s’en affranchir.
Chez moi il y a toutes ces questions qui virevoltent joyeusement.
Bouches béantes, dévorant mes certitudes comme les mouches bouffent un cadavre.

Ne laissant rien que les questions.
Toujours sans réponse, à jamais en quête.
Chez moi ce n’est pas un lieu.
Ma demeure est intérieure.

Car chez moi c’est dans mes tripes, c’est là où je me tiens.
Chez moi, il n’y a qu’une seule brique.

Simon T., primé au Grand Concours de Poésie 
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